L’Algérie a pris ces dernières années plusieurs mesures visant à réguler et rationaliser ses importations avec l’objectif d’encourager la production nationale, préserver les réserves de change du pays et lutter contre les malversations dans les opérations d’importation, dont notamment la surfacturation. Les marchandises produites en quantités suffisantes localement sont les plus fortement taxées.
La rationalisation par l’Algérie de ses importations est revenue au-devant de la scène après l’annonce, le 14 juin, par la Commission européenne de l’ouverture d’une procédure de règlement des différends contre l’Algérie.
Parmi les griefs de la CE, la régulation des importations décidée par les autorités algériennes à travers des licences « ayant des effets équivalents à une interdiction d’importation ».
« Ce que nous produisons, nous ne l’importerons pas »
L’Algérie a répondu par le biais du ministre du Commerce Tayeb Zitouni qui a souligné, dans une déclaration à la télévision algérienne le 24 juin, le caractère souverain de la décision, signifiant en outre que l’Algérie « ne tolère point de diktat ».
« Ce que nous produisons, nous ne l’importerons pas », a réitéré Tayeb Zitouni.
Il s’agit en effet de la nouvelle orientation de l’Algérie, sur laquelle a plusieurs fois insisté le président de la République Abdelmadjid Tebboune : l’importation est désormais régulée en fonction de la capacité de l’outil productif national de satisfaire les besoins du pays.
Cette orientation se répercute sur le taux de taxation des produits importés, en fonction des volumes produits localement. Ainsi, en tête des produits les plus fortement taxés, on retrouve ceux qui sont produits en Algérie en quantités suffisantes pour satisfaire la demande interne.
Les 5 produits les plus taxés en Algérie à l’importation
Les niveaux de taxation sont déterminés essentiellement par le taux de la taxe dite DAPS (droit additionnel provisoire de sauvegarde).
Le DAPS a été institué en janvier 2019, touchant une liste de 1095 produits, en application des dispositions de la loi de finances complémentaire 2018. La disposition avait remplacé la mesure de suspension de l’importation de certains produits.
Selon des données réunies par TSA, les marchandises les plus fortement taxées à l’importation par l’Algérie sont :
1. Les fruits et légumes produits en abondance par l’agriculture nationale. Leur taxation comprend les droits de douane (30%) et le DAPS (120%).
2. Le concentré de tomate, également produit en grandes quantités par les nombreuses usines de transformation ouvertes aux quatre coins du pays. Leur taxation comprend également les droits de douane (30%) et le DAPS (120%).
3. Les lave-vaisselles dont les importateurs doivent s’acquitter outre des droits de douane (30%) et du DAPS (60%), de 30% supplémentaires représentant la taxe de consommation d’énergie (TCE).
4. Les téléviseurs, à la quatrième place, sont aussi soumis à la taxe de consommation de l’énergie (30%), ainsi qu’à 60% de DAPS et 30% de droits de douane.
5. Les sauces arrivent en cinquième position, avec 30% de droits de douane et 70% de DAPS.
A toutes ces taxes, il faut ajouter la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à taux normal de 19% payable à la sortie de la marchandise du port.
Le 24 juin, le ministère du Commerce a révélé dans un exposé devant le président de la République à l’ouverture de la Foire internationale d’Alger (FIA), que grâce aux mesures de régulation des importations et d’encouragement de la production nationale, l’Algérie a exporté en 2023 pour 49 millions de dollars de sauces, pâtes, boissons et biscuits alors qu’elle importait par le passé les mêmes produits pour 700 millions de dollars par an.