Autrefois grouillants de vie et témoins d’événements marquants, plusieurs endroits emblématiques d’Alger sont fermés. C’est le cas notamment des hôtels Essafir, la mythique salle El Mouggar et Albert 1ᵉʳ et du café Milk Bar. Ces quatre établissements, tous situés au centre-ville de la capitale algérienne, sont officiellement à l’arrêt pour rénovation.
En attendant leur réouverture, les Algériens se remémorent les souvenirs de la belle époque où ces endroits brillaient de mille feux.
Essafir, ex-Aletti : un hôtel centenaire en rénovation
Le plus imposant est l’ex-hôtel Aletti, Essafir depuis 1984. Situé à la jonction de plusieurs artères principales de la capitale (rue Abane Ramdane, rue Asselah Hocine, boulevard front de fer Zighoud Youcef), l’établissement était pendant plusieurs décennies le principal hôtel d’Alger, avec El-Djazaïr (ex-Saint-Georges) et Albert 1ᵉʳ.
Il a été inauguré en 1930 pour le centenaire de la colonisation de l’Algérie, en présence du grand acteur Charlie Chaplin.
L’hôtel, dont la façade donne sur la baie d’Alger, a compté parmi ses hôtes des personnalités mondiales de renom, comme Nelson Mandela, François Mitterrand, Fidel Castro, Hassan II, Charles Aznavour, Georges Brassens et évidemment de très hautes personnalités algériennes, dont Houari Boumédiène, Messali Hadj, Ferhat Abbas…
El Mouggar, une salle de cinéma mythique
En plus d’être un établissement hôtelier classé, Essafir était aussi un lieu de culture et de divertissement. Dans ses sous-sols, il abritait notamment un casino et une salle de spectacle. À quelques mètres, se trouve aussi la mythique salle El Mouggar, également fermée.
Cette salle de cinéma a accueilli de nombreuses avant-premières de films, des concerts de musique, des pièces de théâtre. En 1989, un concert de la chanteuse Linda De Suza a été interdit sous la pression des islamistes.
En septembre dernier, la diffusion de photos des travaux de rénovation de cette salle a suscité des inquiétudes sur les réseaux sociaux. Certains ont cru à une démolition d’El Mouggar, ce que le ministère du Tourisme a démenti.
Ces dernières décennies, l’hôtel Essafir a surtout servi de lieu d’hébergement pour les députés et sénateurs des deux chambres du Parlement situées à proximité.
Aujourd’hui, l’hôtel est en rénovation et l’immense édifice est cerné d’échafaudages métalliques. Il faut dire que les travaux s’éternisent et l’hôtel est à l’arrêt depuis 2016.
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Albert 1ᵉʳ, un hôtel historique qui attend sa rénovation
Non loin de là, à l’avenue Pasteur, un autre hôtel chargé d’histoire a baissé le rideau pour les mêmes raisons. Il s’agit de l’hôtel Albert 1ᵉʳ, qui surplombe la Grande poste, un autre endroit culturel et historique de la capitale algérienne.
L’immeuble de 7 étages est sublime avec son architecture haussmannienne et sa vue sur toute l’esplanade de la Grande poste et le jardin de l’Horloge florale.
Édifié en 1907, il a, lui aussi, accueilli des personnalités mondialement connues et a abrité des événements historiques. De grands journalistes y ont résidé pendant la guerre de Libération nationale, comme Yves Courrière qui a écrit plusieurs ouvrages sur la révolution algérienne.
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Milk Bar, un lieu chargé, symbolique d’histoire en rénovation
Contrairement à Essafir, il n’y a pas d’échafaudages autour d’Albert 1ᵉʳ, ce qui signifie que sa rénovation risque de tarder. À l’intérieur, les signes de délabrement sont visibles de l’extérieur, ce qui rend urgent le lancement d’une opération de rénovation pour rendre à cet hôtel son lustre d’antan.
À Alger-Centre, il n’y a pas que les hôtels historiques qui ferment. Le phénomène touche aussi des cafés mythiques. C’est le cas du célèbre Milk Bar, situé à l’angle de la Rue Larbi Ben M’hidi et de la place Émir Abdelkader.
Avant sa fermeture, visiblement pour travaux également, il était difficile de trouver une place vide sur la terrasse de l’établissement, qui jouxte la non moins fréquentée librairie du Tiers-monde.
Le Milk Bar était l’un des rares établissements d’Alger à ouvrir 24 heures sur 24 heures. C’est un lieu de rencontre d’hommes de culture et un lieu témoin de la Bataille d’Alger. Une bombe y a été déposée en septembre 1956 par deux héroïnes de la guerre de libération nationale, Djamila Bouhired et Zohra Drif.
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Les Algérois ont hâte de voir ces lieux chargés d’histoire et faisant partie intégrante de la mémoire nationale retrouver leur lustre et leur animation.
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