Société

Yennayer : une célébration qui se popularise en Algérie

Jamais sans doute depuis son officialisation comme fête nationale en 2017, Yennayer, n’a été célébré avec autant de ferveur et de communion en Algérie.

 D’Alger à Timimoun, de Bejaia à Tlemcen, de Tissemsilt à Oran ou encore de Tizi-Ouzou à Montréal, rarement les Algériens ont célébré le Nouvel an amazigh 2975 coïncidant avec la date du 12 janvier de chaque année dans une ambiance si festive et de manière si éclatante.

Parades de rue, par endroits, chants et danses populaires, expositions et festins, en groupe ou dans l’intimité familiale, ont marqué cette nuit du nouvel an amazigh.

À Alger, une grande « table de Yannayer » a été organisée par la mairie, suivie d’un gala musical, au grand bonheur des familles et des enfants dont beaucoup habillés de tenues traditionnelles berbères.

A Timimoun, ville choisie cette année pour la célébration officielle sous le haut patronage de la présidence de la République, l’évènement a pris un cachet particulier : parade de la garde républicaine, de la protection civile et des représentants de nombreuses associations issues de plusieurs wilayas du pays dans une scénographie riche en couleurs devant une foule nombreuse.

Même sur la plateforme Facebook, « Yennayer » était le mot le plus populaire dans la nuit de samedi à dimanche.

Yennayer en Algérie : plus de fêtes et moins de polémiques

C’est dire l’engouement et l’effervescence qui a entouré cette célébration, confinée jusqu’il y’a peu dans l’intimité familiale et quelques aires géographiques seulement lorsqu’elle n’est pas ritualisée sans apparat. 

Il faut dire que son officialisation, conjuguée aux transformations dans la société algérienne, a quelque peu contribué à casser un tabou sur une fête que des esprits rétrogrades ont voulu lui coller un caractère païen.

« Notre fierté est de constater que notre pays célèbre de manière éclatante les festivités du nouvel an amazigh, sans tabou et avec un élan populaire remarquable qui couvre l’ensemble du territoire national », s’est réjoui, dans les colonnes d’El Watan, Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA (haut-commissariat à l’amazighité).

Des figures religieuses, comme le directeur des affaires religieuses de la wilaya de Bejaia, Boualem Djouhri, des institutions, comme la Présidence de la République ou encore la Police et des associations, comme par exemple la FAF n’ont pas manqué l’occasion pour exprimer leurs vœux aux Algériens à l’occasion du nouvel An berbère.

Cette adhésion témoigne de l’attachement des Algériens à un des repères de leur identité dont la reconnaissance est le fruit d’une lutte d’une génération de militants.

Signe de l’évolution de la perception de cette fête, très peu de voix hostiles se sont exprimés pour contester sa célébration cette année.

Il y’a encore quelques années, la toile foisonnait de commentaires dénonçant non seulement l’officialisation de cette fête, mais aussi les célébrations assimilées à des survivances de pratiques païennes en contradiction avec les valeurs religieuses du pays.

Mais curieusement, cette année, peu de voix se sont élevées pour diffuser leur discours de haine et de discrimination, souvent sectaires.

De guerre lasse ou se sont-elles rendues à l’évidence du fait accompli ? Peut-être les deux à la fois. Mais cela ne signifie pour autant que cet héritage et patrimoine, symbole géographique, a gagné tous les esprits en Algérie, comme en témoignent certaines résistances et entraves à la généralisation de l’enseignement de la langue Tamazight, autre marqueur de l’identité et de la culture berbère.

 « Ces problèmes, en grande partie dus à des raisons endogènes, proviennent de facteurs extra-scolaires souvent liés à la prégnance, pas souvent visible, mais encore tenace de certaines visions politiques et idéologiques, ainsi qu’à l’opposition de cercles hostiles à la promotion de Tamazight, ce qui, il faut le souligner, est contraire à la constitution », avoue Si El Hachemi Assad.

Autant dire, le chemin qui reste à parcourir pour réconcilier les Algériens avec leur identité, plusieurs fois millénaire et riche par sa diversité.

Mais avec la popularisation de Yannayer, c’est une étape importante de franchie dans le sens du renforcement de la cohésion nationale et du socle commun des références identitaires.    

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